Header widget area left
Header widget area right

Changer la ville pour changer la vie ?

par Maxime Thuriot

05 25, 2016 | dans Aménagement Urbain, Développement Territorial, Politiques publiques | 0 Commentaires

Vendredi 21 Mai 2016 la ville de Dunkerque et sa communauté urbaine organisait une conférence dans l’auditorium de la Halle aux Sucres sur l’évolution des politiques urbaines par rapport aux conflits sociaux. « Changer la ville pour changer la vie ? ». Pour répondre à cette question, un intervenant : Hacène BELMESSOUS, chercheur indépendant et essayiste, auteur de plusieurs ouvrages sur les questions urbaines dont récemment « Le Grand Paris du séparatisme social » (Post Editions, 2015).


Dix ans après les émeutes urbaines, le sujet des banlieues reste épineux pour les décideurs politiques. Et pourtant d’ici 2050, 75% de la population mondiale sera urbaine. Dans le cadre du cycle « Villes durables », les organisateurs ont souhaité mettre en place un programme dès janvier 2016 avec des expositions temporaires et des conférences. Après de nombreux rendez-vous autour de la démocratie, des questions d’éducations, de la nouvelle démocratie directe exercée par les citoyens et les habitants de ces villes, cette 4ème conférence soulève la question suivante : comment penser l’espace urbain de demain tout en limitant les fractures sociales ?

Selon Hacène BELMESSOUS, « le politique a perdu le contrôle dans les banlieues ». Dans la première partie de son intervention, en réponse aux questions posées par l’animateur, il explique à partir d’un certain nombre de constats et de faits sociaux avoir tiré des conclusions qu’il présente dans ses travaux depuis maintenant plusieurs années. Il distingue trois basculements depuis l’apparition d’une politique de la ville en 1975 portée par le Ministère du Cadre de Vie sous la présidence de Valéry Giscard D’Estaing. Après les révoltes sociales de 1981, puis celles de 1990 dans la banlieue Lyonnaise, les émeutes de novembre 2005 ont été « le point de rupture le plus important ». Elles débutèrent à Clichy-sous-Bois, suite à la mort de deux adolescents électrocutés qui tentaient d’échapper à la police, et au jet d’une grenade par les forces de l’ordre sur une mosquée. Elles ont « révélé l’incapacité des pouvoirs publics à porter les grands ensembles […] et les fractures sociales entre l’Etat et ses quartiers. » L’intervenant précise ensuite qu’il ne se « considère pas comme un spécialiste des banlieues » mais il trouve ‘’dangereux’’ et ‘’inefficace’’ la militarisation des autorités dans les espaces urbains et au sein des quartiers d’habitations et de logements sociaux.

D’autre part, « La vidéo-protection ou vidéosurveillance n’est pas la solution adéquate. Bien qu’elle ait des aspects négatifs, ce n’est pas la solution adéquate ». Nous lui avons alors demandé à la fin de la conférence quels étaient les moyens concrets selon lui, pour mettre en place des politiques publiques efficaces et apaisantes. « Ce qui fonctionne à mon avis, et nous en avons vu les résultats par le passé, c’est la médiation. Il y a aura toujours des conflits sociaux au sein d’un espace, surtout urbain. […] Il est par conséquent important de mettre en place des médiations, et de trouver d’autres moyens ou événements pour rassembler les communautés et les populations plutôt que de les diviser. Si l’on divise, c’est la peur qui s’installe et ensuite la stigmatisation », précise Hacène BELMESSOUS. Or il est juste de préciser que les logements sociaux ne sont pas habités uniquement par des populations étrangères. Ils sont basés entre autres sur des calculs de revenus et sur un plafonnement des ressources.
Enfin, la véritable question semble être celle du vivre-ensemble. « Alors que l’individualisme est omniprésent, le collectif est aujourd’hui dans une défiance totale ». Mais lorsqu’une personne du public lui demande pourquoi il ne se présente pas à une élection, Hacène BELMESSOUS répond qu’il souhaite « faire de la politique à son échelle, en travaillant sur le terrain et en publiant ses ouvrages. » Après avoir répondu aux quelques questions du public, Hacène BELMESSOUS conclut sur un « note d’espoir, en précisant que « la politique doit dorénavant se faire à partir de valeurs sociales pour que les tensions puissent se dissiper ». Peut-être aurait-il été intéressant de confronter dans un dernier temps M. BELMESSOUS avec un ou plusieurs élus politiques concernés par ces thématiques.

Malgré un propos qui se veut convaincant et engagé, l’intervenant est parfois resté évasif sur quelques questions. Si la médiation dans les quartiers s’avère effectivement être une solution efficace, elle a aussi ses limites. Dès lors, quelles seront les nouveaux outils à mettre en place pour changer l’espace urbain et rassembler les populations ? De plus est-ce que le principal médiateur n’a pas été délaissé par les pouvoirs publics ? Autrement dit, ne doit-on pas se pencher sur le rôle de l’école ?

La dernière conférence du cycle Villes Durables se tiendra le 18 Juin 2016 à la Halle aux Sucres de Dunkerque à partir de 14avec pour sujet les « Trajectoires révolutionnaires ». Il s’agira d’une rencontre avec un groupe ou un collectif qui ont fait de l’engagement politique un principe de vie.

facebooktwittergoogle_pluslinkedinmailMots-clés: , ,

Laisser un commentaire



Répondre

Your email address will not be published.

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

S'inscrire à la Newsletter et recevoir les nouveaux articles

Articles récents